Comment imaginez-vous le quotidien en 2050 dans une société neutre en carbone : sobre ou hyper technologique ? Agréable à vivre ou régi par de multiples interdictions ? Depuis quatre ans, plus de 300 étudiants de Grenoble Ecole de Management ont rédigé sur ce sujet un essai de fiction où ils décrivent la journée d’un personnage de leur choix.
Interview de Carine Sebi, titulaire de la chaire Energy for Society
Pourquoi demander aux étudiants d’une école de management de rédiger un essai de fiction ?
La transition énergétique et les enjeux climatiques sont des sujets complexes et controversés. Au-delà de l’apport de connaissances, ce détour par l’imaginaire amène les étudiants à réfléchir, à se projeter, à s’interroger sur leur mode de vie : demain, ils seront les acteurs des changements inévitables qui nous attendent.
En pratique, la rédaction de ces essais s’intègre depuis 2021 dans le cours « International Contemporary Issues » dispensé aux élèves en 3ème année du programme international Global Management du Bachelor in International Business, et dans le cours « Innovation technologique et sociale pour transformer le secteur de l’énergie » dispensé en option aux élèves de 2ème année du Programme Grande Ecole.
Les étudiants jouent-ils le jeu de l’écriture de fiction ?
Oui, avec conviction et engagement. Toutefois, chaque millésime est influencé par la période où il s’inscrit. Dans l'e-book 2022, nous sortions de la phase Covid et les dystopies étaient majoritaires : la société neutre en carbone passait par de multiples pertes de libertés. Dans l'e-book 2023, sur fond de crise énergétique mondiale, la rareté de l’énergie était très présente dans les récits.
Cette année, deux sujets émergent : l’importance des inégalités climatiques et d’accès à l’énergie, et les limites de la croissance à tout prix. À quoi bon travailler et produire plus, si c’est pour aggraver la situation de la planète ?
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Quel est le degré de maturité des étudiants sur les questions climatiques ?
Ils ont compris qu’ils devront faire le deuil d’un certain confort, mais souhaitent que l’effort soit réparti entre tous et permette de renforcer le tissu social. Toutefois, leur vision des enjeux de production d’énergie et des échelles est souvent naïve. Par exemple, ils se focalisent sur la maison individuelle, mais font l’impasse sur l’optimisation des grandes infrastructures.
De plus, nous observons des écarts culturels : certains de nos étudiants asiatiques ou d’outre-mer sont stupéfaits quand on leur parle de décroissance, ou de restriction des trajets en avion. Ces concepts n’ont pas cours dans leurs pays, tout simplement.
Dans les essais de 2024, à quoi ressemblent les sociétés neutres en carbone ?
On peut les situer autour de deux axes perpendiculaires. Le premier est un axe utopie - dystopie : le modèle de société neutre en carbone peut aller de la liberté heureuse à la dictature. Second axe, celui qui va de l’hypersolutionnisme – des technologies encore plus sophistiquées résolvent tout – à la sobriété : il faut revoir drastiquement notre mode de vie.
Comptez-vous réutiliser ces récits sous d’autres formes ?
Nous éditons chaque année un ebook qui rassemble les plus remarquables. Celui consacré aux essais de 2024 est disponible en ligne depuis peu. Par ailleurs, un doctorant de GEM devrait étudier les 300 écrits existants et rédiger un article destiné à une publication scientifique.
Extraits
Chaire Energy for Society
La chaire Energy for Society étudie l’impact de nouveaux services énergétiques conciliant attractivité, business et adhésion des citoyens. Les recherches de la Chaire portent actuellement sur l’adhésion sociale de nouvelles infrastructures énergétique, comme l’éolien et la méthanisation.
Les autres programmes GEM sur l’énergie
▶MSc Energy Business & Climate Strategy
▶Msc Management for Sustainability Transitions
▶Mastère spécialisé en management et marketing de l’énergie et de la transition énergétique
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