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ACTUALITÉS GEM2025-10-08

GEMExpert – Égalité hommes-femmes : le plafond de verre est-il soluble dans le coaching ?

coaching

Temps de lecture : 0 min

Beaucoup d’entreprises lancent des programmes de coaching à l’attention de salariées pour favoriser l’accession des femmes au top management. Mais ces actions ont des résultats mitigés... Deux chercheuses de Grenoble Ecole de Management en ont analysé les raisons dans un article et proposent des pistes pour progresser.

Interview de Pauline Fatien et Anne Antoni, professeures associées à Grenoble Ecole de Management (GEM)
 

Pauline FatienEn quoi consiste votre démarche ?

Pauline Fatien : Les entreprises cherchent à développer l’égalité professionnelle et de nombreux outils émergent, comme le coaching. Nous nous sommes appuyées sur deux ans de recherches dans une administration qui voulait un éclairage sur son programme de leadership à l’attention des femmes ; et nous avons rédigé cet article afin de mettre en perspective les enjeux, limites et apports potentiels de telles démarches.

 

Anne AntoniQuelle est votre principale conclusion ?

Anne Antoni : Le coaching a des effets contre-productifs quand il contribue à perpétuer ou à masquer les causes structurelles du plafond de verre. Oui, vous pouvez aider vos salariées à gagner en leadership, en confiance en elles, etc. Mais elles butent sur un obstacle infranchissable si, dans votre entreprise, il est implicitement nécessaire d’empiéter sur le temps personnel pour réussir. Par exemple, si le top management prend les décisions clés lors de temps informels après 18 heures ; en France, la responsabilité des charges domestiques repose encore largement sur les femmes.

 

P.F. : Nous avons aussi identifié trois dérives courantes de ces coachings. La première, c’est la psychologisation : on affirme que si les femmes n’accèdent pas au pouvoir, c’est qu’il leur « manque » quelque chose. Le problème viendrait d’elles, pas de l’organisation : c’est un raccourci très réducteur. Deuxième dérive, des programmes trop standardisés qui décident par avance des compétences à développer, en plaquant des besoins supposés. Enfin, certains coachings escamotent les différences de genre ou les exacerbent de manière caricaturale.

Les entreprises vous semblent-elles conscientes de ces limites ?

A.A. : Je pense que beaucoup veulent sincèrement briser le plafond de verre, lancent ces coachings, mais se découragent au vu des résultats. Elles ne mesurent pas à quel point leur organisation est genrée. Elles la voient comme neutre, alors qu’elle est caractérisée par des règles et des codes masculins auxquels il faut se conformer pour accéder au pouvoir.

Quelles pistes proposez-vous pour y remédier ?

P.F. : Intégrer ces programmes dans une véritable culture de l’égalité au travail. Ce qui implique de repenser les causes structurelles des dysfonctionnements, et donc les conditions et normes de travail. On peut aussi s’assurer que ces programmes abordent les enjeux en croisant plusieurs niveaux de lecture. Il ne peut pas y avoir de réponse uniquement psychologique à un problème organisationnel.

A.A. : Peut-être ces coachings doivent-ils aussi s’ouvrir à d’autres participants : des collègues hommes, pour qu’ils comprennent ce qui se joue ? des dirigeants, pour qu’ils fassent bouger les lignes ? L’enjeu n’est pas seulement d’aider les femmes à percer le plafond de verre. En parallèle, les entreprises doivent le déplacer ou l’amincir pour qu’il soit plus facile à franchir.

 

La publication
Pauline Fatien (Grenoble Ecole de Management), Fabien Moreau (IDRAC Business School Grenoble), Anne Antoni (Grenoble Ecole de Management), "Penser un dispositif de coaching soutenable, à l’aune de la sociologie clinique - Application à la lutte contre le plafond de verre", Gérer & Comprendre - Mars 2025 - N° 159 copyright Annales des Mines 

 


Bio express
Anne Antoni est professeure associée et teamleader de l’équipe de recherche « Ré-Imaginer le travail » de Grenoble Ecole de Management. Ses recherches explorent de manière critique l'expérience du travail dans le régime socio-économique contemporain et en particulier les relations au travail et la place du care, la relation d’emploi et la solidarité, la moralité et l’éthique des affaires, et la santé mentale au travail.

Pauline Fatien est professeure associée dans l’équipe de recherche « Ré-Imaginer le travail » de Grenoble Ecole de Management. Ses recherches portent sur les dimensions éthiques, spatiales et politiques de phénomènes organisationnels, comme le développement du leadership (dont le coaching) et les espaces collaboratifs.

 

Les programmes GEM associés

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MSc Innovation and Entrepreneurship

Certification Mobiliser les techniques et approches de coaching pour accompagner l’individu dans ses projets d’évolution professionnelle

Certification Développer la performance du collectif par les méthodes et démarches de coaching

  • Coach
  • Certificats
  • GEM Research

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