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ACTUALITÉS GEM2023-11-28

Bien vieillir : entre l’Ehpad et le domicile, la plateforme DRAD

Rapport_Bien_Vieillir

Temps de lecture : 7 min

La Chaire Territoires en Transition de Grenoble Ecole de Management, vient de publier un rapport sur le bien vieillir, fondé sur l’étude d’un dispositif innovant d’Ehpad hors les murs : le Dispositif renforcé d’accompagnement à domicile (DRAD). Regard sur les bienfaits et les risques potentiels d’une plateformisation des soins.

Entretien avec Claire Le Breton, chercheuse associée à la chaire Territoires en transition (TeT), et professeure assistante au département homme, organisations et société de GEM. Elle est également la co-autrice d’une vaste enquête qualitative conduite en France, en 2020 et 2021, sur les expérimentations alternatives aux Ehpad, avec Frédéric Bally, Albane Grandazzi et Thibault Daudigeos, professeurs à GEM.

A qui s’adresse votre rapport sur le bien vieillir ?


Directement, aux acteurs publics et privés qui gèrent la prise en charge du vieillissement et de la dépendance dans les territoires : les associations qui emploient les aides à domicile, les professionnels du soin, les aidants… Ainsi qu’aux étudiants en sociologie et en gestion logistique, financière et organisationnelle. C’est un rapport fondateur pour l’avenir de la profession. 
En effet, selon l’Insee, la France comptera 4 millions de seniors en perte d’autonomie en 2050, contre 2,5 millions en 2015. Selon ces mêmes projections, pour maintenir le pourcentage de personnes en établissement, il faudrait que le nombre de places en Ehpad, établissements pour personnes âgées moins dépendantes et accueils temporaires, augmente de 50 % à l’horizon 2050.   
Cette option n’est pas à l’ordre du jour : les structures Ehpad, telles que nous les connaissons, souffrent de multiples sources de stigmatisation et sont jugées trop coûteuses. Pour illustration, le coût d’un dispositif alternatif à l’Ehpad, déployé par le fonds de solidarité AESIO, oscille entre 12 000 et 14 000 euros annuels en moyenne par bénéficiaire, contre 24 000 euros en moyenne en Ehpad. 

Le DRAD est l’une des solutions étudiées dans le cadre de votre recherche, qui vise à favoriser le bien vieillir à domicile. Quels sont les fondements de ce dispositif d’accompagnement ?

Les Ehpad hors les murs ou « DRAD » représentent une alternative qui est expérimentée en France, depuis 2016. L’établissement demeure un centre ressource, qui coordonne et anime des activités qualitatives (l’animation, le jeu, les événements festifs…). Parallèlement, toutes les activités de soin et de prise en charge sont externalisées : les soins infirmiers quotidiens, les toilettes, les repas… Ce changement d’organisation s’apparente ainsi aux organisations des plateformes : une entité-mère (l’Ehpad) coordonne et délègue le cœur d’activité aux travailleurs indépendants. On observe ainsi un glissement, qui s’apparente à une forme d’externalisation du soin et de la prise en charge de la dépendance. C’est tout l’objet de notre rapport sur le bien vieillir.

Selon votre rapport, quels sont les principaux enjeux du DRAD ?

Le premier enjeu porte sur l’importance du maillage territorial dans tout l’hexagone. L’équipe de recherche a notamment analysé le dispositif « Passerelle » dans le Nord-Isère : un dispositif d’Ehpad hors les murs, visant le maintien des personnes âgées à domicile le plus longtemps possible. Le dispositif Passerelle ajoute à la palette de services classiques d’un Ehpad, une plateforme de mise en relation entre les personnes et les soignants. Ainsi, le rôle de coordination des soins à domicile, vient compléter les missions classiques d’hébergement, de soin et d’animation propres aux Ehpad. Ce dispositif fonctionne autour d’un Ehpad dans un rayon de 30 kilomètres. D’où la nécessité d’un maillage territorial très dense des différents acteurs. Encore faut-il que les professionnels du soin, les aidants et les utilisateurs potentiels soient informés de l’existence de ce type d’initiative…
Le second enjeu porte sur la fidélisation des différents acteurs du soin : professionnels libéraux et salariés des associations de soutien à domicile. Car, le risque principal de ce mode d’organisation serait la précarisation des professionnels associés du soin, l’isolement des bénéficiaires et la responsabilisation accrue des familles et des aidants particuliers.

Le rapport (PDF) : Nouveaux modèles d’organisations du bien vieillir : entre l’EHPAD et le domicile, le cas de la plateforme DRAD
 

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