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ACTUALITÉS GEM2025-02-27

GEMExpert - Concilier bien vivre et sobriété? Mission possible - 17 initiatives inspirantes

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Temps de lecture : 0 min

La quête du « bien-vivre » n’est pas forcément synonyme de consommation effrénée : elle peut être bénéfique pour la société et l’environnement. C’est ce que montrent des initiatives de collectivités, entreprises, et associations qui en France et à l’étranger, ont développé des indicateurs de bien vivre. La chaire Territoires en Transition de Grenoble Ecole de Management et le Campus de la Transition en font le bilan dans un rapport de l’ADEME, l’Agence de la Transition Écologique.

Interview de Fiona Ottaviani, professeure associée à Grenoble Ecole de Management (GEM) et co-titulaire de la chaire Territoires en Transition
 

Fiona OttavianiPourquoi cette étude sur la sobriété, le bien vivre et la façon de les mesurer ?

Fiona Ottaviani : Le concept de sobriété et les actions associées ne sont pas toujours bien connus, ni perçus positivement. Il faut déconstruire l’idée qu’un mode de vie plus sobre rendrait plus « malheureux » si on veut faciliter l’acceptation des politiques de sobriété.

Or, de nombreuses initiatives pour construire des indicateurs de bien vivre existent en France et à l’étranger, et nous renseignent sur ce qui compte vraiment pour les gens. Nous les avons étudiées pour proposer une synthèse de leurs « cobénéfices » : bien-vivre et sauvegarde de l’environnement peuvent aller de pair.

Nous montrons ainsi que le bien vivre repose essentiellement sur des pratiques compatibles avec la sobriété. Ces initiatives révèlent l’importance du non marchand (systèmes de protection sociale, de santé, d’éducation …) et de dimensions dont l’empreinte matérielle est moindre : engagement bénévole, entraide, soin aux autres… 

Télécharger le rapport Indicateurs de bien vivre et cobénéfices de la sobriété

Comment avez-vous conduit vos recherches ?

F.O. : Nous avons analysé 17 initiatives françaises et étrangères. Si les termes varient (bien-être, qualité de vie, soutenabilité, développement durable, santé socioécologique, soutenabilité, …), toutes ces expériences mènent une réflexion approfondie sur nos finalités socioéconomiques et rompent avec une vision du progrès limitée à des indicateurs économiques. En pratique, nous nous sommes appuyées sur une revue documentaire de chaque projet et sur des échanges avec les porteurs d’initiatives.

Des exemples de cobénéfices que vous avez observés ?

F.O. : L’initiative Tell Me (BRRISE, déployée en Auvergne – Rhône-Alpes) qui permet d’interroger les personnes sur ce qui participe de leur bien-être sur leur territoire, met en avant l’importance des espaces naturels pour se sentir bien. Ressortent aussi le lien entre santé et mobilité douce, ou les interactions entre sobriété énergétique, préservation de la biodiversité et accès à un logement digne.

Quelles sont les marges de progrès de ces démarches ?

F.O. : L’articulation entre soutenabilité sociale et soutenabilité environnementale n’est pas assez prise en compte par les acteurs et pourrait être renforcée. Par exemple, ils se focalisent souvent sur le volet climatique, mais intégrent peu les aspects socioéconomiques associés.

Autre élément clé : les cobénéfices doivent être pensés de manière dynamique et non statique. Par exemple, pour favoriser les mobilités douces, il faut orchestrer la synergie entre sobriété et bien vivre en prévoyant des aménagements qui sécurisent le déplacement en vélo ou à pied et rendent le trajet agréable.

Proposez-vous des pistes pour agir ?

F.O. : Le rapport fait des recommandations pour favoriser le déploiement des cobénéfices et décrit les outils développés dans les initiatives. Nous avons aussi, avec un collectif d’acteurs, créé un site internet sur le sujet soutenu par l’ADEME, Cap bien vivre. Il s’adresse aux collectivités, entreprises, associations, etc. 

De plus, nous élaborons un guide méthodologique destiné à ces acteurs. Pour les réunir et enrichir notre document, nous organisons d’ailleurs le 26 juin prochain un colloque à Grenoble Ecole de Management.

 

La publication 
Ottaviani Fiona, L’Huillier Hélène, Argoud Fanny, 2024. "Indicateurs de bien vivre et cobénéfices de la sobriété". 170 pages. 
La publication est issue d'un partenariat entre la chaire Territoires en Transition de Grenoble Ecole de Management, Le Campus de la Transition et l'ADEME.

 

Bio express
Fiona Ottaviani, docteur en économie, chercheuse dans l’équipe de recherche Formes alternatives de marchés et d’organisation est co-titulaire de la chaire Territoires en Transition de Grenoble Ecole de Management. Ses recherches portent sur la transformation des logiques de rationalisation, d’action et d’évaluation dans les politiques publiques et dans les organisations. Elle s’intéresse particulièrement à la construction et l’usage des indicateurs de bien vivre. Ses travaux contribuent à repenser les dynamiques collectives en faveur de la transition socioécologique, la place allouée à l’expert dans la construction de la connaissance et les synergies territoriales.


Les programmes GEM qui intègrent la question des territoires en transition


sport grenoble ecole de management
Bachelor Digital Business & Development

MSc Management for Sustainability Transition

MSc Management of Sports and Outdoor Markets

MSc Design & Innovation Management


 

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