Outre les retombées positives des règles de courtoisie sur l’ensemble de l’organisation, Alexandra Gerbasi, professeur à Grenoble Ecole de Management, pointe encore dans ses recherches que le savoir-vivre en entreprises procure également des bénéfices directs aux individus. En d’autres termes, les collaborateurs polis réussissent mieux.
La première objection à la politesse est de croire que si l’on est poli, les gens vont tirer profit de nous. « Etre poli ne signifie pas être faible. » Alexandra Gerbasi s’explique : « La politesse est fondée sur le respect. Elle implique la possibilité de dire « non » au sein d’une entreprise, mais de manière courtoise. Vous ne perdez rien à être respectueux. »
Réseaux, réseaux, réseaux
Aujourd’hui, tout est affaire de réseaux. « Vous ne savez jamais quand vous allez avoir besoin de quelque chose, ou avoir à demander de l’aide. Quand vous êtes respectueux des règles de bienséance, les gens feront leur possible pour vous aider », explique Alexandra Gerbasi. Avec le temps, la politesse produit des effets positifs qui s’additionnent.
Les gens polis gagnent en efficacité dans leurs tâches quotidiennes, parce qu’ils ont un réseau qui a la volonté de les aider. Ils boostent également leur progression de carrière. Alexandra Gerbasi souligne ainsi le cas d’une cadre dans l’industrie de la santé, qui était reconnue pour sa politesse. Lorsqu’une opportunité s’est présentée à un autre poste à responsabilité, elle a été la première personne contactée par les dirigeants. Ils l’ont « chassée » pour le poste, parce qu’elle les avait convaincus de ses qualités relationnelles.
Les coûts de l’incivilité sont énormes
Dans le passé, des recherches ont démontré qu’il existe une relation négative entre une personne peu aimable et ses revenus. Non seulement l’incivilité vous impacte, mais elle impacte également ceux qui vous entourent, en les faisant se sentir inférieur à vous, et en limitant leurs implications. Comme Alexandra Gerbasi l’explique : « Si vous traitez mal les gens, toutes vos qualités techniques et votre confiance ne vous permettront pas d’arriver au top niveau. Etre poli contribue largement au fait d’être un leader. »
Selon une étude conduite auprès de 20 000 salariés dans le monde, Alexandra Gerbasi a démontré qu’un comportement respectueux chez un dirigeant est le facteur qui a l’effet le plus important chez les collaborateurs. Les collaborateurs qui confirmaient que leurs managers les considéraient avec respect étaient 55 % à être plus engagés dans leur travail.
Améliorer la considération de l’autre par la conscience de soi
Comme pour toutes qualités interpersonnelles, améliorer un comportement respectueux demande de prendre conscience de la façon dont on agit. « La plupart des gens ne font pas exprès d’être irrespectueux. Alexandra Gerbasi explique : Nous avons appris que seuls 4 % des gens disent être impolis, simplement parce que leur position le leur permette.
Si vous essayez d’améliorer votre politesse à titre personnel, ou au plan de l’organisation, la première chose à faire est d’être conscient de ce que vous faites. Des outils, tels que le coaching ou un retour d’expérience à 360 degrés peuvent vous aider à une prise de conscience. Alexandra Gerbasi ajoute : « Beaucoup de managers sont en réalité surpris des retours qui leur sont faits. »
Demandez le soutien de votre équipe
Votre équipe peut vous fournir un feedback de qualité. Lorsque vous essayez de vous améliorer, choisissez un comportement et expérimentez-le. « Après une réunion, par exemple, vous pouvez demander à votre équipe si elle a noté une amélioration sur un comportement particulier », note Alexandra Gerbasi. Au total, ce dialogue crée un environnement propice et encourage l’ouverture au changement. En conséquence, les membres de l’équipe comprennent qu’ils peuvent compter les uns sur les autres pour s’améliorer.
Diriger en donnant l’exemple
Au sein d’une organisation, il est important de se souvenir que les managers agissent en modèle. « Le comportement d’un dirigeant aura d’autant plus de poids dans de petites entreprises, comme les start-up. De telles entités sont généralement organisées sur un mode horizontal, ce qui signifie que tout le monde travaille ensemble tout le temps. Les problèmes liés aux incivilités peuvent vite être amplifiés dans un tel environnement restreint. » Aussi, que ce soit en posant des règles officielles de courtoisie, ou simplement en donnant l’exemple, le dirigeant d’une entreprise joue un rôle central.
Connaître son auditoire
En dépit des meilleures intentions, les différences culturelles peuvent amener les gens à mal interpréter votre comportement. Alexandra Gerbasi explique que « Formuler des retours d’expériences est souvent un aspect délicat des relations interculturelles. Il existe de grandes divergences, par exemple, entre les échanges directs qui sont attendus dans le business aux Etats-Unis, et entre les échanges indirects propres à la culture japonaise. La communication non-verbale, tels que le regard, la gestuelle ou les remerciements peuvent être aussi très différents d’une culture à une autre. »
Connaître votre auditoire nous conduit à un point essentiel : la pleine conscience. Alexandra Gerbasi conclut en formulant le conseil suivant : « Il est essentiel de gagner en clairvoyance et en réflexion. Que ce soit pour votre carrière, votre équipe ou pour négocier avec des partenaires internationaux, la politesse génère bienveillance et compétences. Cette qualité compte à 90 % dans les impressions positives. Et la conscience de soi est la première étape pour savoir si vous êtes aussi poli que vous l’imaginez. »