Drones, logiciels prédictifs, vidéosurveillance algorithmique, reconnaissance faciale : le recours aux dernières technologies de contrôle se banalise au sein de la police. À quoi servent ces outils ? Sont-ils vraiment efficaces ? Et que changent-ils pour nos libertés ? Grenoble Ecole de Management propose une conférence sur son campus GEM Paris pour mieux saisir ces enjeux.
Toutes ces innovations technologiques contribuent-elles à réduire la criminalité ou à amplifier la violence d’État ? Comment transforment-elles la ville et quels liens l’hégémonie techno-solutionniste entretient-elle avec la dérive autoritaire actuelle ? Ce sont ces questions qu’abordera cette conférence à partir d’anecdotes nous menant de l'industrie de la sécurité aux arcanes du ministère de l'Intérieur, de la CNIL au véhicule de l'officier en patrouille.
3 points saillants :
- Le marché mondial de la reconnaissance faciale augmente de 16 % par an et devrait atteindre 12 milliards de dollars en 2028 ; celui de la vidéo-surveillance algorithmique (VSA) était de 5,6 milliards en 2023 et pourrait représenter 16,3 milliards en 2028.
- Les études menées en France estiment qu’au stade de l’enquête, la vidéosurveillance ne fournirait des images utiles à la résolution d’enquêtes judiciaires que dans 1,13% à 3% des affaires.
- L’une des principales fonctions politiques dévolues aux technologies ne consiste pas tant à produire de la « sécurité publique » qu’à relégitimer l’action de la police, à redorer le blason de l’institution en faisant croire à un progrès en termes d’efficience, d’allocation des ressources, de bonne gestion, de transparence, de contrôle hiérarchique.
Cette conférence a lieu en présentiel et sera suivie d'un cocktail en présence de l'intervenant.
- Intelligence artificielle
Intervenant
Félix Tréguer
La Quadrature du Net est une association dédiée à la défense des droits humains dans le contexte d’informatisation. Les travaux de Félix Tréguer portent sur l’histoire politique d’Internet et de l’informatique, les pratiques de pouvoir comme la censure ou la surveillance des communications, la gouvernementalité algorithmique de l’espace public et plus généralement sur la transformation numérique de l’État et du champ de la sécurité. Il a notamment travaillé au Berkman Klein Center for Internet & Society de l’université d’Harvard, au Centre de recherches internationales de Sciences Po, à l’Institut des Sciences de la Communication du CNRS. Il a également été chercheur invité au WZB Berlin Social Science Center, ainsi qu’à l’Institut Technologie et Société de Rio de Janeiro.