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Comment les serious games façonnent-ils une nouvelle agilité managériale ?

A Grenoble Ecole de Management, la conception et la modélisation de serious games par des étudiants en master management des ressources humaines, augure de nouveaux profils de managers agiles, sous un mode ludique. Car, au-delà du recrutement par le jeu, il s’agit aujourd’hui de recruter de futurs managers pour leurs capacités de compréhension des problématiques RH, en les modélisant par les jeux sérieux.


En mars dernier, Hélène Michel, professeur en management de l’innovation à Grenoble Ecole de Management, spécialiste du serious game, animait un séminaire au côté de BNP Paribas Cardif, spécialiste mondial de l’assurance des personnes, avec des étudiants du Master of Science International Human Ressources and Management. Ambition ? Concevoir et livrer trois prototypes de serious games, au terme d’une semaine de travail collaboratif. Partie prenante : une équipe de six managers internationaux de BNP Paribas Cardif.  L’exercice, novateur, constituait une première en France.

Le serious game : un système de formation intégré

« La conception de serious games est, en soi, un système de formation intégré », souligne d’emblée Hélène Michel. De fait, il s’agit d’abord pour les étudiants de développer des capacités à modéliser des situations sous l’angle du jeu. « Avec un jeu, l’étudiant crée un univers, à partir de l’analyse d’une situation réelle et sur la base d’enjeux managériaux. En modélisant un serious game, il façonne des règles et des objectifs. La démarche s’apparente aux Fab Labs chez les ingénieurs. » C’est pourquoi, l’exercice de conceptualisation des jeux entrait en parfaite résonnance avec une thématique aussi concrète que celle de la « culture du service » qui nécessite de vivre les situations. Aussi, l’enjeu du séminaire visait-il à définir les compétences requises au déploiement d’une culture de service, à travers la conception de serious games.

Pleins feux sur la culture de service !

BNP Paribas Cardif participe à la chaire « Ingénierie du service », initiée par GEM, et travaille depuis plusieurs années sur cette problématique. « Jusque-là, notre démarche était réservée aux collaborateurs qui sont en contact avec le client. Aujourd’hui, l’ambition est de développer une culture de service dans l’ensemble de l’entreprise, en France et dans le monde – 10 000 salariés, présents dans 36 pays. Cela constitue donc un chantier important, » précise Christophe Loup, responsable du développement et de la communication RH au sein de BNP Paribas Cardif. Parallèlement, BNP Paribas Cardif vit une transformation digitale. C’est pourquoi, une solution digitale à distance, via la conception de serious games, était idéale.

Des profils « joueurs » qui se démarqueront

« Le serious game est une approche qui répond à ces critères d’agilité. « On « joue » au jeu sérieux, mais surtout, les étudiants les conçoivent et les pratiquent ! Cela permet d’appréhender les bons comportements, les bonnes postures… ainsi que les conséquences managériales positives ou défavorables. Le serious game s’imposait donc comme la meilleure approche empirique. Même s’il ne constitue pour l’heure qu’une « première brique » dans le dispositif complet », note encore Christophe Loup. Et de souligner les principaux atouts des serious games : leur souplesse d’utilisation, les mises en situation réelles et leur facilité de déploiement.

Travailler en mode projet

« L’enjeu consistait aussi à positionner les étudiants en mode projet sur des méthodologies agiles. Ces techniques les préparent à ce que l’on attendra d’eux, une fois recrutés. Notamment ceux qui utiliseront les approches digitales pour la formation, tels que l’e-learning, le serious game, la vidéo… On attend aujourd’hui des jeunes, dits « digital natives », une parfaite maîtrise de ces techniques. Avec le jeu sérieux, la composante jeux-RH est unique ! » Christophe Loup conclut : « A l’origine du projet, j’avais la conviction que le serious game était la meilleure approche pédagogique. En revanche, j’étais, je l’avoue, un peu dubitatif sur l’ambition de sortir un produit fini en une semaine… Aujourd’hui, je constate que l’exercice a été probant. »

Mis à jour le 08 Avril 2016 à 14h55