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Baromètre de la Finance : Raport 1, Climat mondial des affaires

Nous rapportons dans ce document la perception du climat des affaires par les responsables financiers français et la comparons aux résultats obtenus en Europe et dans le reste du monde.

Nous explorons également la question du recrutement aussi bien de jeunes collaborateurs (génération Y) que de membres de la direction, notamment des femmes au sein des conseils d'administration. Enfin, nous faisons un point sur les méthodes envisagées par les décideurs financiers afin d'améliorer la fonction finance au sein de leur entreprise. Pour le quatrième trimestre 2014, l'enquête a été ouverte du 19 novembre au 5 décembre 2014.

Climat des affaires : perception très différenciée entre la France et ses entreprises

Rapport #1 - Décembre 2014

Responsable projet : Philippe Dupuy
Equipe projet : Philippe Dupuy (GEM), John Graham (Duke University), Alain Scordel (DFCG-INP)

Grenoble Ecole de Management et la DFCG donnent accès à une importante enquête menée au niveau mondial sur le climat des affaires tel que perçu par les responsables financiers. Développée en étroite collaboration avec Duke University (US) et Tilburg University (PB), cette enquête couvre plus de 40 pays avec pour certains près de 20 ans d'historique. Sur un rythme trimestriel, les responsables financiers des entreprises (Directeurs, DAF, Trésoriers, Contrôleurs de gestion…) sont invités à donner leur perception du climat des affaires dans leurs pays. Un thème d'actualité ou d'intérêt pour les chercheurs et également abordé. Les résultats de l'enquête sont régulièrement commentés dans la presse internationale comme le Wall Street Journal, le Huffington Post et sur CNBC. L'enquête est courte (environ 10 questions) et une analyse détaillée par pays est envoyée à chaque participant le désirant moins de trois semaines après. Les réponses sont anonymes.

Pour le quatrième trimestre 2014, l'enquête a été fermée au début du mois de décembre.

Premier constat : lorsqu'on demande aux directeurs financiers de situer sur une échelle de 0 à 100 leur degré d'optimisme quant à l'économie du pays, les résultats montrent sans surprise un niveau de confiance en berne pour la France (niveau moyen de réponse 42) à peine supérieur aux niveaux enregistrés par les deux derniers de la classe : la Grèce (41.3) et le Portugal (40.8). Et l'inversion de la tendance ne semble pas à l'horizon puisque 41.7% des répondants déclarent être moins optimistes qu'au trimestre précédent. Ce dernier chiffre est très supérieur à ce qu'on peut observer pour le reste de l'Europe continentale (28.3%), au Royaume-Uni (15.3%) et chez les champions actuel de l'optimisme : les Pays-Bas qui avec un taux de réponse comparable aux autres pays affichent un nombre de répondants se déclarant moins optimistes de…0% !

Et en Allemagne ? Les inquiétudes quant à la croissance ne semblent pas freiner l'enthousiasme outre Rhin où le niveau moyen d'optimisme sur l'économie du pays ressort à 72.5. L'enquête a pourtant été réalisée alors que le gouvernement allemand venait de réviser à la baisse les prévisions pour 2014 et 2015. Lorsqu'on sort du cadre européen, les résultats sont à l'unisson : 65.2 en Asie incluant l'Inde et la Chine et 63.7 aux Etats-Unis : encore un pas et la France sera le pays développé le moins optimiste du monde !

tableau est-il si noir ? Pas si sûr. Lorsque dans un deuxième temps, on demande aux directeurs financiers de situer sur une échelle de 0 à 100 leur degré d'optimisme quant à l'activité de leur entreprise, les résultats sont bien plus favorables. Alors que l'économie du pays s'enfoncerait dans une crise de plus en plus profonde, les entreprises de leur côté entreverraient l'éclaircie. Ainsi, le curseur d'optimisme est placé à 61.6 en France en ligne avec le niveau moyen en Europe (61.5), certes en deçà du niveau observé en Allemagne (70) mais très au-dessus du niveau affiché pour l'économie française dans son ensemble (42). Tout ne va pas si mal !

L'écart marqué entre la perception de l'activité de l'entreprise et du pays est un résultat qui doit nous interroger. Dans la plupart des pays, cet écart n'est pas significatif. Par exemple, en Allemagne, le degré d'optimisme est largement le même que ce soit pour les entreprises (70) que pour l'économie (72), de même en Asie (respectivement 65.2 et 65.3) et aux Etats- Unis (63.7 et 66.4).

Quel est votre degré d'optimisme quant à l'économie de votre pays et quant à l'activité de votre entreprise ?

Les responsables français perçoivent des risques plus élevés que partout ailleurs.

La perception des risques semblent particulièrement élevée en France. Quel est donc le nuage noir qui obscurcit le ciel de l'entreprise ? l'Etat bien sûr ! Probablement en partie selon les répondants, mais en partie seulement car lorsqu'on interroge les directeurs financiers sur les risques et les incertitudes qui pèsent sur l'activité de l'entreprise, ils sont bien moins nombreux en France à mettre en avant la politique fiscale ou les changements réglementaires que leurs homologues allemands ou suédois par exemple. En revanche, ils perçoivent plus que partout ailleurs et quasi systématiquement un niveau de risque supérieur quel que soit le facteur concerné : accès au capital, risque de change, déflation ou sécurité des données. Cette observation a de quoi étonner car ces risques sont largement partagés à travers l'Europe par les entreprises. Même la productivité des collaborateurs ressort comme un risque significatif au pays des champions de la productivité !

Pour les 12 mois à venir, quel est, selon vous, le niveau de risque posé par les facteurs suivants à votre entreprise

La génération Y serait plus individualiste et moins loyale à l'entreprise

Cette dernière crainte est probablement à rapprocher d'un autre résultat important de l'enquête : les répondants français et à nouveau plus qu'en Europe estiment les collaborateurs de la génération Y (moins de 35 ans) moins loyaux avec l'entreprise (52% contre 39% en Europe), plus individualistes et particulièrement intéressés par leur développement personnel au détriment de celui de l'entreprise (33% contre 19% en Europe). Ce nouvel écart de perception entre français et européens pourrait être dû à une adaptation moindre de l'entreprise à cette génération. Si 21.5% des entreprises européennes déclarent avoir redéfini leur organisation (temps et mode de travail), ce chiffre tombe à 12.5% en France. Mais il est aussi sûrement à rapprocher des difficultés de recrutement et de fidélisation de cette population en France.

Les difficultés de recrutement sont aussi importantes au sommet de la hiérarchie.

Les difficultés de recrutement ne concernent pas uniquement les postes opérationnels, à l'autre extrémité de la hiérarchie, les entreprises rencontrent aussi des difficultés pour le recrutement des administrateurs. Un manque d'expérience dans le secteur est souvent mis en avant. La question apparaît particulièrement importante lorsqu'il s'agit du recrutement de femmes notamment en France où 35% des répondants déclarent que leur entreprise a des objectifs en termes de représentation contre seulement 10% en Allemagne, 5% aux Etats-Unis et 4% en Asie. Mais cette question des quotas est aussi probablement la raison pour laquelle, selon nos résultats, les entreprises françaises ressortent en avance avec des comités composés en moyenne à 30% de femmes contre un peu moins de 25% dans le reste du monde . Finalement, en question subsidiaire, nous avons demandé aux responsables financiers leurs projets en matière de réorganisation de la fonction finance. Les résultats pour ce début d'année montrent que c'est avant tout la simplification des processus qui doit permettre l'amélioration de la fonction finance loin devant les recours à des solutions externes.

Quelle(s) méthode(s) d'amélioration des performances de la fonction Finance utilisez-vous ? (Plusieurs réponses possibles)

A retenir

  • Le climat des affaires en France est plutôt défavorable selon nos répondants (42 sur une échelle de 1 à 100), à peine plus élevé qu'en Grèce (41,3) ou au Portugal (40,8) et très en deçà de l'Allemagne (72,5)..
  • De manière surprenante, au niveau de leur propre entreprise, les praticiens français perçoivent un climat bien plus favorable et en ligne avec le niveau européen (61,6).
  • Plus que partout ailleurs, les responsables financiers français perçoivent des risques importants posés par l'accès au capital, le risque de change, la sécurité des données etc…
  • Le recrutement de collaborateurs et notamment de jeunes collaborateurs semble poser question, ceux-ci étant perçus comme plus individualistes et moins loyaux à l'entreprise que leurs ainés.
  • Enfin, nos répondants pointent les difficultés que peuvent également rencontrer les entreprises pour le recrutement au sein de la direction et notamment de femmes dans les conseils d'administration.
Mis à jour le 20 Avril 2020 à 16h36