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Société : quels changements à travers l’expérience du Covid-19 ?

Société : quels changements à travers l’expérience du Covid-19 ?
Publié le
05 Mai 2020

La période de confinement, liée à la pandémie du Covid-19, et l’ensemble des comportements qui sont induits lors de nos interactions sociales, modifient-ils nos relations aux autres ? C’est la question que se sont posés deux enseignants-chercheurs dans le cadre d’une enquête qualitative inédite, en cours de réalisation à l’échelle internationale.

Cette étude est conduite par Stéphanie Gauttier, enseignante-chercheure en management technologique et stratégique à Grenoble École de Management, et Nicola Liberati, professeur à l'université de Shanghai Jiao Tong.  

Comment la société change-t-elle au travers de l'expérience du covid-19 ? Comment vivons-nous ensemble ; comment nous distancions-nous des autres ; comment nous sentons-nous liés aux autres ?

« Dans le but de comprendre, nous invitons actuellement des individus, de tous pays, à s'interroger sur leur expérience lors des déplacements pendant les courses en temps de quarantaine, souligne Stéphanie Gauttier. La présence invisible du virus nous amène à questionner des comportements, des gestes, des détails qui étaient invisibles jusqu'à présent, parce que ces gestes banals ont un rapport avec la propagation du virus. Etre à l'extérieur pour aller faire ses courses est quelque chose qui change de sens. Chacun de nos actes demande à être revu et pensé. A chaque fois que l'on pense à ces actes, au final nous pensons aux autres, qui ont les mêmes dilemmes et soucis, et dont les comportements ont un impact sur le développement de notre humanité. » 

Mesurer l'impact de l'autre sur la perception de notre propre expérience

Le projet est actuellement en cours de réalisation à l'échelle internationale. Au 30 avril 2020, une majeure partie de la planète était confinée. Au total, plus de 15 pays ont d'ores et déjà participé à l'enquête (l'Inde, la Russie, l'Iran, la Chine, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne…), soit 83 personnes. A terme, l'échantillonnage vise une dizaine de participants par pays.

Cette recherche, qualitative, s'appuie sur un échantillon de convenance. « Pour les personnes participantes, le questionnaire permet de s'interroger sur la manière dont ils appréhendent le monde. Car, de fait, cette étude vise à prendre en compte la subjectivité et l'intersubjectivité des individus, note Stéphanie Gauttier, qui a travaillé pendant deux ans au sein d'un laboratoire de philosophie, aux Pays-Bas, avec Nicola Liberati. Notre questionnement porte sur une expérience très individuelle : le fait de faire ses courses suppose un point de vue subjectif (relié à soi), alors qu'en sortant, la présence des autres, leurs regards, deviennent prépondérants. Aussi, la présence ou l'absence des autres a un impact sur la perception de notre propre expérience. »

La France : un rapport ambigû aux espaces partagés

« On constate déjà en observant les résultats de l'échantillon français, un rapport ambigu aux espaces partagés avec les autres et une volonté d'éviter l'autre, ou du moins d'en tenir compte, mais aussi, un rapport nouveau à sa propre vulnérabilité, souligne Stéphanie Gauttier.  On relève notamment le fait d'éviter les autres autant que possible, ainsi que les différents points de contacts. Mais en même temps, la présence des autres est source de joie. De même, l'aspect éthique (se protéger, protéger les autres) est important », confirme Stéphanie Gauttier.

Les priorités ne sont pas les mêmes partout dans le monde, tant au plan individuel que culturel.

Et d'ajouter : « La finalité de la recherche est de définir ce qu'est le soin pour soi et le soin aux autres. Les priorités ne sont pas les mêmes partout dans le monde, tant au plan individuel que culturel. Sachant que les approches de prévention sont différentes selon les pays, comme en Allemagne. A terme, l'ambition de la recherche est d'analyser de quelles manières les comportements individuels seront modifiés à l'avenir, dans la période post-Covid. Dans tous les cas, cette recherche centrée sur notre rapport à l'autre aurait eu lieu hors du contexte pandémique, mais elle prend aujourd'hui une toute autre dimension », conclut Stéphanie Gauttier.

Pour participer à la recherche 

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