
Eloïse Reybel et Clément Babinet, deux jeunes diplômés du MS Entrepreneurs de Grenoble Ecole de Management, ont décrypté les rouages et les valeurs d’entreprises plus éthiques, dont la finalité répond aux enjeux du développement durable et responsable. A la clé, la réalisation d’un web série de sept épisodes de sept minutes sur sept entreprises aux modèles alternatifs.
Eloïse Reybel et Clément Babinet sont partis d’un constat : (re)donner du sens au travail fait toute la différence pour les fondateurs, les dirigeants et les salariés des entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS). Durant l’année de césure du MS Entrepreneurs à GEM, ils ont souhaité élargir leur vision de l’entrepreneuriat et donner la parole (et la part belle) aux entreprises alternatives, qui se révèlent efficientes sur leurs marchés. OtraVia est le nom du web série qui leur est consacré.
C’est ainsi que de mars à septembre 2018, la recherche et la réalisation documentaire a mobilisé cinq étudiants bénévoles, diplômés en management, journalisme, graphisme et cinéma. « Ces supports vidéos gratuits ont été très bien accueillis par les entreprises en question, qui communiquent peu. La confiance et la transparence étaient fortes du côté des dirigeants et fondateurs, » note Eloïse Reybel, 24 ans, co-instigatrice du projet avec Clément Babinet, 23 ans. Tous deux ont créé une association qui a permis d’étayer l’ensemble du projet.
Montrer la richesse du secteur et des modèles alternatifs
Alimentation, énergie, mode, logistique, recyclage, tourisme, finance éthique… La plupart des entreprises interviewées ont leur siège social basé à Paris, à l’exception de La Nef, située à Lyon, une banque coopérative qui finance des entreprises de l’économie sociale et solidaire. « Ces sept entreprises mettent au cœur de leur activité une mission d’intérêt général. Pour toutes, la RSE n’est pas une arme factice : ces entreprises refondent toutes leur stratégie dans le but d’avoir un impact positif sur la société. Et les résultats sont là, » soutient Eloïse Reybel.
L’entreprise LemonTri, par exemple, œuvre dans le champ du recyclage, appuyant son process de transformation sur l’économie circulaire. Les baskets Veja, conçues en matériaux organiques moins polluants, sont produites de façon éthique – les fabricants à l’étranger, aux conditions de travail décentes, sont bien rémunérés –, et sont commercialisées aux mêmes prix que ceux pratiqués par les concurrents. Et cela marche : la marque, qui fait appel pour la logistique à Ateliers sans frontière, s’est fait une belle notoriété et se voit référencée sur le site des Galerie Lafayette, La Redoute...
Dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, trois sociétés coopératives – Enercoop, Biocoop et La Nef –, sont scrutées dans leur mode de fonctionnement. Leur principe de gouvernance démocratique ? Un salarié, sociétaire de l’entreprise = une voix, et ce, quelle que soit sa part dans le capital de l’entreprise. « L’image des sociétés coopératives est souvent mal définie. Ici, les décisions sont collégiales et collaboratives, et l’implication est forte, » souligne Eloïse Reybel. A noter, également, un modèle d’entreprise fonctionnant selon les principes du management libéré.
Pourquoi ces entreprises fonctionnent-elles ?
« L’énergie professionnelle est mise au service d’une cause. La motivation et l’implication sont fortes, pointe Eloïse Reybel. La plupart des dirigeants, fondateurs et des salariés sont des militants engagés depuis longtemps, et détiennent des expériences dans d’autres secteurs marchands classiques. Leurs actions et leur sensibilisation à l’économie responsable sont déterminants. Autre point clé : ces entreprises de l’économie alternative ne se marginalisent pas : les baskets Veja sont tendance et se vendent ! »
Aujourd’hui, force est de constater que ces modèles fonctionnent, en misant sur un comportement économique éthique et sur la transparence. Au-delà, « ce sont bien les consommateurs de la génération y notamment qui portent la pérennité de ces modèles alternatifs probants, » concluent Eloïse Reybel et Clément Babinet.