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Portrait robot du trader idéal

Publié le
03 Janvier 2017

Qu’est-ce qu’un bon tradeur ?  Luc MeunierDesmoulins-Lebeault et Jean-François Gajewski tentent de répondre en s’appuyant sur la neurofinance. Dans une tribune de The Conversation ils détaillent les caractéristiques physiologiques et émotionnelles du trader idéal.

Le métier de trader ne laisse pas l’opinion publique complètement indifférente. Bien que les traders ne représentent qu’une infime partie du milieu bancaire, ils ont une place prépondérante dans l’imagerie populaire du milieu financier.

Si l’on croise les données de l’étude annuelle de la Fédération bancaire française qui estime à 371 000 le nombre de salariés du secteur bancaire français et celle de l’Association Française des Banques qui estime que 1,3 % des employés de ses adhérents sont des « opérateurs de marché », on obtient une estimation d’un peu moins de 5 000 traders en France.

Le trader, ce héros de cinéma

Et pourtant, ce n’est pas moins de six films à gros budgets qui sont sortis depuis 2010 sur les traders professionnels. Il faut dire que le métier de trader implique bien souvent de prendre des décisions rapides sur d’importantes sommes d’argent : ce faible nombre de traders ne les empêche pas d’avoir un impact important sur les marchés financiers. La réputation sulfureuse du métier, principalement due aux excès de quelques individus à haute visibilité pendant les décennies précédentes, et les cas de moutons noirs fortement médiatisés, forment en effet un cadre propice à des productions cinématographiques.

En ce qui concerne les moutons noirs, on peut en particulier citer l’affaire Kerviel en France, qui continue de défrayer la chronique 8 ans après, avec la réduction de sa peine de 4.9 milliards à 1 million après le jugement en appel du 23 septembre. Un film sorti en 2016 dans les salles, L’Outsider, lui est d’ailleurs consacré.

La neurofinance, une branche de la finance qui utilise des méthodes empruntées aux neurosciences pour répondre à des problématiques académiques financières s’est également intéressée à ce métier. En particulier, de nombreux travaux ont essayé de comprendre, via ces méthodes empruntées aux neurosciences, ce qui faisait un « bon trader ».

Émotions

Un premier domaine d’étude de la neurofinance ayant trait aux traders concerne les émotions. En effet, on sait depuis Bechara et al. (1997) que gestion du risque et émotions sont plus intimement liées qu’il n’y paraît. Dans ce cas, il est intéressant d’étudier des sujets qui prennent des décisions comportant une composante de risque majeure sur une base journalière. Il ressort de deux études préliminaires que les traders ressentent en effet de fortes émotions durant les périodes de trading. Leur rythme cardiaque et la conductance de leur peau augmentent, leur variabilité cardiaque diminue durant les périodes de fortes volatilités.

Cependant, ces émotions conduisent-elles les traders à prendre des décisions bénéfiques ou néfastes ?

Deux études académiques nous apportent des éléments de réponse. Sur un échantillon de 80 particuliers gérant des portefeuilles de 35 000 de dollars en moyenne et suivant une formation de trading, Lo et al. prouvent à l’aide de questionnaires que les traders ayant des réactions émotionnelles plus fortes par rapport à leurs profits journaliers rencontraient un succès moindre.

Ceci est confirmé par une étude qualitative se basant sur des interviews. Les interviews en question, menées auprès de plus de 100 traders professionnels font émerger l’importance de la régulation des émotions dans le trading. Les traders avec plus d’expérience sur le marché y semblent d’ailleurs meilleurs. Un des thèmes ressortant de ces interviews est également celui de la fameuse « intuition » du trader.

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