
Depuis 30 ans, des études anglo-saxonnes relèvent que lorsque les conseils d’administration sont paritaires, la performance des entreprises s’en trouve nettement accrue. Question de complémentarité d’approches stratégiques et tactiques. Aussi, s’employer, dès la formation, à ce que les étudiantes à Grenoble Ecole de Management se positionnent comme les égales des étudiants, constitue la ligne directrice du réseau WoMen[at]GEM.
En 2017, Susan Nallet, Directrice Carrières et Relations Employeurs, et Marc Smith, enseignant-chercheur et doyen du corps professoral à GEM, ont été mandatés par le COMEX (Comité Exécutif de Grenoble Ecole de Management) pour initier le projet WoMen@GEM. Objectif ? Travailler sur le terrain, au sein de l'école, à la parité hommes/femmes chez les étudiants et diplômés, et sensibiliser les entreprises et la gouvernance de GEM à cette problématique. A terme, l'idée est de positionner Grenoble Ecole de Management comme un standard international en matière de parité au sein des business schools.
L'ambition est honorable. Comment y parvenir ? « Cette réflexion fait son chemin depuis plusieurs années à GEM sous la forme d'actions isolées. Notre ambition est de rendre visible et de développer ces initiatives auprès de nos quatre publics d'élection, » note Susan Nallet, directrice du service CARE GEM.
...la mère est perçue comme moins disponible et l'homme comme plus mûr.
Eveiller les consciences
Dans nos sociétés, la question de la parité, dès la formation, ne devrait plus se poser… « A priori, rien n'empêche aujourd'hui les femmes de faire les mêmes choix de carrières que les hommes. Mais dans les faits, l'on observe toujours des écarts salariaux (en moyenne 20 %), et d'accession aux postes à responsabilité dans les entreprises et les administrations (Cf. le concept du plafond de verre). L'on sait aussi que les principaux freins à combattre relèvent des représentations culturelles : certains métiers sont « genrés » : les filières RH et communication concentrent une plus forte population féminine, alors que des métiers ou secteurs estimés plus techniques ne seront pas considérés a priori (industrie, commercial, finance…). De même, lorsque la famille s'agrandit, la mère est perçue comme moins disponible et l'homme comme plus mûr. C'est pourquoi notre objectif est de créer un environnement qui permet l'émergence de projets qui combattent ces représentations dans le champ de la formation, de l'emploi, de la recherche… et de les valoriser » relève Susan Nallet.
Rompre avec les préjugés
Plusieurs constats sont édifiants : « Lorsque nous demandons aux étudiants à leur entrée à GEM quel est le salaire qu'ils souhaitent gagner en fin d'études, les étudiantes revendiquent 3 000 à 4 000 € de moins que leurs collègues masculins. En sortie d'étude, cet écart salarial se vérifie ! C'est inquiétant, non ? De même, face à une offre d'emploi, une femme s'estime compétente si elle remplit 80 % des critères demandés. Si ce n'est pas le cas, elle ne postulera pas… A l'inverse un homme tentera sa chance dès que 20 à 30 % des conditions sont réunies. »
A GEM, l'idée est donc d'éveiller les consciences sur ces réflexes, quasi primaires, et d'agir très amont pour un environnement plus juste, plus égalitaire. « Cela passe déjà par le fait de sensibiliser les femmes sur leur propre posture « inconsciente » face à des choix d'orientation déterminants, et d'amener les hommes à réfléchir aux expériences vécues par leurs sœurs, leurs filles et leurs femmes ».
Sensibiliser pour agir en amont
GEM forme de futurs managers. « Si nous sensibilisons les jeunes étudiant(e)s à ces pratiques et préjugés, nous pourrons agir sur leurs comportements de futurs recruteurs, une fois en position de recruter. Non : une femme ne fera pas forcément le choix de geler son évolution de carrière au retour d'un congé maternité ! Oui, son conjoint pourrait même désirer s'investir beaucoup plus dans l'éducation des enfants… L'idée est de ne point projeter d'a priori, et de s'interroger en tant que manager… et surtout, d'interroger les personnes concernées au lieu de décider pour elles » ! soutient Susan Nallet.
Eveiller les consciences ; travailler sur le contenu de la formation et les choix d'orientation ; changer ses postures physiques (l'intonation de voix, la façon d'occuper l'espace…), et aider les entreprises à atteindre leurs objectifs de parité, tels sont les objectifs visés par le réseau WoMen@GEM. Une révolution (presque) silencieuse…