
Le MS Big Data de GEM/Ensimag, la grande école d’informatique et de mathématiques appliquées de Grenoble INP, délivre en un an les compétences requises à la data science et l’Intelligence artificielle. Au-delà, le management agile, le droit, l’éthique ainsi que la gouvernance de la donnée, constituent les fondamentaux du programme. Regard croisé sur deux profils experts au terme de la formation.
Anne Desbrières est ingénieure en informatique, diplômée de l'INSA Lyon en 1990. Elle a fait ses premières armes en tant que développeur chez Atos, puis elle a intégré le département R&D de Hewlett Packard. « En 2008, j'ai rejoint l'entité consulting de HP en tant que cheffe de projets auprès des opérateurs télécom pour la zone EMEA – Europe, Moyen-Orient, Afrique. J'ai assuré le management d'équipes de projets pendant plusieurs années, dont des équipes internationales pour le déploiement de la 5G auprès de clients « early adopter ». Au fil de ces expériences, forcément, je me suis interrogée sur le contenu, la valeur et le sens de la data dans les solutions software », relève-t-elle.
A 44 ans, Guillaume Chouteau est ingénieur en génie industriel, diplômé de Grenoble INP. Il a occupé diverses fonctions liées à la supply chain chez Becton & Dickinson, Caterpillar et Schneider Electric : planification de la production, encadrement d'équipes d'approvisionnement, projets de développement d'ERP, lancement de produits... « Par nature, la supply chain est consommatrice et génère de la donnée, via l'utilisation de progiciels de gestion intégrée. Et, de fait, les entreprises d'envergure internationales ont une complexité organisationnelle. La manipulation de la valeur de la donnée y est complexe, et peu maîtrisée », a-t-il constaté.
« Trop de « feeling » et trop peu d'agrégation des données »
Leur sensibilité respective pour la data dans les secteurs industriels et de services, et notamment pour l'exploitation des données couplée à l'Intelligence artificielle, les ont conduits à entamer le programme de formation MS Big Data de GEM/Ensimag, en septembre 2020. Avec le recul d'un an, Guillaume Chouteau analyse : « Le MS Big Data forme des profils qui sont armés des compétences permettant d'extraire, de traiter et d'analyser l'information, afin de générer une valeur ajoutée pour l'entreprise, au quotidien. Car, le traitement massif et intelligent de la donnée, intégrant des approches stratégiques au plan managérial, constitue trop souvent encore des points de faiblesse dans l'entreprise. »
Des prérequis techniques, intégrant une vision stratégique
Le MS Big Data s'adresse donc à des profils d'expertise techniques, dotés d'un background d'ingénieurs pour l'essentiel des participants. « Les enseignements nous confrontent aux fondamentaux des métiers du Big Data et de l'IA à travers l'étude des bases de données et l'exploitation de la data (data science et machine learning). Les apports de GEM ouvrent le panorama sur le management de la donnée – ou, comment générer une valeur ajoutée à la data. Les apprentissages explorent les aspects juridiques en matière de protection des données sensibles, ainsi que l'éthique de la donnée, détaille Guillaume Chouteau. On observe en profondeur, et surtout, on prend du recul vis-à-vis de la technique. »
Cette ouverture d'esprit et cette prise de hauteur est essentielle à une approche critique et constructive de la data. « Les entreprises sont actuellement dans une phase de maturation dans le domaine de l'extraction de la valeur des données et de structuration pour son exploitation. L'ambition du programme MS Big Data est de conduire une gouvernance de la donnée, et d'en tirer de la valeur permettant une forte anticipation stratégique. »
Aborder la donnée sous un prisme technique, managérial, éthique et juridique
Anne Desbrières relève, quant à elle : « La formation m'a délivré les ressources académiques permettant d'appréhender les nouvelles technologies sous l'angle technique certes, mais également managérial, éthique et juridique. De plus, j'avance aujourd'hui dans un esprit agile. Un luxe ! » En effet, le programme MS Big Data, à travers le cas Fil rouge, fait la part belle au management agile notamment, essentiel à la data science : comment capter le besoin du client, l'implémenter et améliorer le déploiement d'un projet via un processus d'amélioration continue. « Sur le plan technique, revenir au code était un bonheur, car je n'avais plus pratiqué depuis plus de 15 ans. Le stage de six mois en entreprise notamment, m'a permis de conforter des connaissances sur les réseaux de neurones. »
Une nouvelle trajectoire professionnelle à l'aune de la data science
A 56 ans, Anne Desbrières envisage de s'orienter vers le consulting, en tant que data scientist, data analyst ou cheffe de projets data dans les métiers de la « Tech for good ». Elle réalise aujourd'hui son stage de fin d'étude au sein de la start-up eLichens, essaimée du CEA Leti, spécialisée dans l'analyse de la qualité de l'air, pour laquelle elle développe des modèles de prédiction des concentrations de pollen dans l'air. « Ce master m'a permis de m'ouvrir un espace de liberté professionnelle, grâce à la valorisation de compétences porteuses », souligne-t-elle.
Avec à son actif une expérience professionnelle de 18 ans, et bientôt doté du double diplôme MS Big Data de GEM/Ensimag, Guillaume Chouteau vise les domaines de la « Tech for good » (santé, éducation, gestion de l'énergie…). « J'envisage de réaliser ma thèse professionnelle de fin de mastère sur l'IA dans le domaine de la santé ; mon stage porte sur les énergies renouvelables et le projet cas fil rouge de mastère était lié à l'éducation.»
Ou compte intégrer une start-up, « où l'IA constitue aujourd'hui un prérequis incontournable dans les business models. » Il finalise un stage opérationnel de six mois chez Probayses, en région grenobloise, qui est issue de la recherche (Inria Grenoble), spécialisée dans l'IA pour les industries françaises et internationales.