
Diversité des profils de recrutement ; pluridisciplinarités et sans doute, un jour, parité… A Grenoble Ecole de Management, les programmes « Mastère spécialisé Big Data » et « Manager des Systèmes d’information et du Numérique » défendent la variété des talents. Deux femmes du numérique sont responsables de ces programmes dans un environnement très masculin. La preuve par l’exemple.
C’est un fait, aujourd’hui, en France, les grandes écoles d’ingénieurs du numérique comptent 15 % de femmes, contre 33 % voici 30 ans, selon les chiffres officiels. A Grenoble Ecole de Management, la proportion de femmes dans la formation MS Big Data est d’environ 10 %. Quant à la formation Manager des SI et du numérique en alternance, (chez les jeunes de 22 à 30 ans) : environ 30 %.
« Le Web a ouvert les métiers du numérique. Nous constatons une évolution chez les jeunes via les stages en entreprise, mais le monde du numérique, notamment le développement, hérite d’une culture très masculine, » relate Fanny Rabouille, responsable du MS Big Data en formation initiale et du programme Executive Manager des systèmes d’information et du numérique en formation continue, depuis 2011, à Grenoble Ecole de Management.
Deux femmes responsables de programmes
Le numérique est le domaine de prédilection de Fanny Rabouille. Diplômée de l’ESIEA (École Supérieure d’Informatique Électronique Automatique), en 1987, cette dernière a travaillé pendant 20 ans chez Capgemini dans le champ du développement informatique, puis en tant que responsable de projet, et directrice certifiée de projet Capgemini.
De même pour Blandine Bongard, directrice à GEM du programme Manager des Systèmes d’information et du Numérique, qui détient une formation 100 % Informatique. « A GEM, le parcours Manager des SI et du numérique embarque une composante SI forte, mais ouvre aux métiers du numérique de façon assez large, » note-t-elle. Titulaire d’une Maitrise Scientifique et Technique Expert en Systèmes Informatiques à Grenoble, obtenue en 1990, et d’un DESS Génie Logiciel, elle a exercé pendant 20 ans chez Capgemini, dans le développement d’abord, puis comme chef de projet et directrice de projet. En tant que responsables de ces programmes, toutes deux démystifient, sur le terrain, les représentations liées aux métiers du numérique.
Promouvoir les talents
En 2014, GEM a été précurseur dans la formation au Big Data. « L’école, qui œuvre avec Grenoble INP, détient une vraie spécificité dans le contenu de ses enseignements : une composante technique pointue et un volet éthique et management appuyé, » rappelle Fanny Rabouille. « De son côté, le programme Manager des SI existe depuis 15 ans à GEM, souligne Blandine Bongard, en charge du programme. GEM s’est par ailleurs positionnée comme tête de pont des écoles de management françaises, en étant la seule business school à participer au Trophée Excellencia, organisé par Syntec Numérique, le syndicat professionnel de l’écosystème numérique français et l’association Les Talents du numérique, en partenariat avec huit établissements d’enseignement supérieur, et sept entreprises. Le concours vise à promouvoir la diversité des profils et notamment l’émergence des femmes dans ces filières. »
Faire bouger les lignes
L’enjeu de ces métiers qualifiés, très pénuriques, est bien d’ouvrir la palette des recrutements. « L’on peut être un très bon spécialiste du numérique, et venir d’univers très différents, confirme Blandine Bongard. Beaucoup de nos étudiants viennent d’autres filières métiers, d’autres business schools ! A GEM, c’est bien la pluridisciplinarité de nos recrutements en salles de cours qui fait bouger les lignes. Pour le programme Manager des SI, 1/3 sont des recrues viennent de l’informatique ; 1/3 des grandes fonctions métiers (comptabilité, Finance, RH, juridique…) ; 1/3 de profils plus généralistes type Business Schools. »
L’ouverture de ces filières aux femmes est déterminante au plan strictement économique : il s’agit, en France, de pouvoir répondre très vite aux besoins en compétences pointues, inhérentes à l’Intelligence Artificielle pour gagner en compétitivité à l’international. « Ce sont les hommes qui codent, et les calculs de certaines IA sont parfois faussées par des biais reproduisant nos propres préjugés qui peuvent être discriminants, » concluent-elles. Et contre-productifs.