
Grenoble Ecole de Management mise sur l’agilité et la sécurité pour la rentrée scolaire 2020/2021. Jusqu’en décembre, les cours en distanciel seront articulés par cycles flexibles de deux mois, au terme desquels un nouvel arbitrage devrait être posé selon l’évolution de la pandémie. Entretien avec Jean-François Fiorina, Directeur Général Adjoint et Directeur des programmes de GEM.
Pourquoi Grenoble Ecole de Management fait-elle le choix de l'enseignement à distance ?
Nous avons fait ce choix, très tôt, au mois juin, afin de donner de la visibilité et une perspective aux étudiants, à leurs familles et à l'ensemble des collaborateurs de l'école, ceci afin de satisfaire les besoins en termes d'organisation. On ne peut s'improviser professeur à distance du jour au lendemain. Cette option vise à garantir la sérénité et la stabilité pour tous, quelle que soit l'évolution de la pandémie.
Dans un souci de réactivité, vous prenez le parti de réorganiser l'ensemble des cursus au terme d'une période de deux mois. Pourquoi ?
Le virus ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Nous avons tout d'abord pris le parti de ne pas décaler les dates de la rentrée. L'année commence dans les délais, ce qui permettra d'assurer l'ensemble des activités pédagogiques, et leur montée en puissance selon le planning défini.
Grenoble Ecole de Management forme des étudiants du monde entier, et nous ne souhaitons pas gérer une somme de cas particuliers. D'où cette bascule des cours 100 % en ligne, avec une réorganisation potentielle de l'ensemble des cursus au terme d'une période de deux mois. Tous les deux mois, au fil de l'évolution de la pandémie et des besoins, nous arbitrerons sur le maintien des cours en distanciel ou en présentiel.
Quoi qu'il en soit, tous les étudiants pourront se rendre à l'école, étudier à la bibliothèque, et travailler avec l'ensemble des collaborateurs sur place. La vie associative se poursuit avec quelques innovations, ainsi que le fonctionnement de tous les services de l'école.
GEM déploie un ensemble d'outils pédagogiques, dont des solutions immersives 3D, qui sont directement adaptés des retours d'expériences des mois précédents…
C'est un élément clé pour les étudiants. Tous sont effectivement accompagnés, dès la rentrée, via des pastilles vidéo qui permettent une introduction efficace et une préparation en amont aux cours qui seront dispensés.
Les cours sont transformés et adaptés grâce aux outils numériques, tels que Teams, l'Intranet de l'école, et MOODLE, notre plateforme de e-learning. Différentes solutions immersives de réalité virtuelle seront également privilégiées pour l'enseignement, en particulier la plateforme Laval VIrtual Congress Center - Virbela, qui est utilisée dans le cadre du Défi de la rentrée pour les nouveaux étudiants du Programme Grande Ecole. Au final, l'expérience étudiants et le contenu des enseignements seront donc identiques aux situations réelles.
Justement, l'évolution momentanée de vos modèles d'enseignements vers le tout distanciel soulève la question du coût de la scolarité. Qu'en sera-t-il ?
Dans le contexte de Covid-19, les cours en présentiel génèrent de telles contraintes, que cela réduit, de fait, les temps dédiés aux apprentissages. Les professeurs ne vont pas tripler leur temps d'enseignement pour pallier ces contraintes. Toutefois, c'est un fait acquis : les étudiants de cette fin d'année et qui entrent à l'école cette rentrée 2020/2021 disposeront du même niveau de connaissances et de compétences qu'hors contexte Covid-19.
La continuité pédagogique est assurée. Les services et l'accompagnement restent intacts. Très prosaïquement, GEM ne fait pas d'économies sur le dos des étudiants, et nos charges restent identiques, en particulier la rémunération des enseignants.
Avec le recul dont vous disposez, quelle est votre analyse des conséquences de cette crise sanitaire sur l'évolution des enseignements ?
Cette pandémie inédite conforte l'évolution des business schools et, en particulier, le positionnement de GEM en tant que School for Business and for Society – une grande école de commerce au service des évolutions sociétales.
D'ores et déjà, nos modèles d'apprentissage sont ancrés sur des thématiques de société. Dans le domaine de la géopolitique notamment – avec des cours qui posent la question de la souveraineté, des relocalisations et d'une remise en cause de la mondialisation. Dans le champ de la Paix économique, qui soulève les questions de gouvernance, de management, de performance et de bien-être au travail.
Cette pandémie accélère aussi la réflexion sur la formation des élites dans les années à venir, tant sur le fond que pour les compétences développées et la finalité des enseignements dispensés. Le contexte actuel nécessite de mobiliser de nouveaux socles de connaissances pour comprendre le monde, ses évolutions et définir de nouveaux modèles de management.
Dès lors, rien ne sera plus comme avant. Cette évolution fondamentale des enseignements met en exergue l'intérêt de la recherche dans les business schools. C'est le cas, par exemple, de la révolution sociétale que pourrait constituer à l'avenir le télétravail et le management à distance. Cette révolution va induire une réévaluation du pacte passé entre les entreprises et leurs collaborateurs. Comment va-t-on travailler à distance ? Comment va-t-on évaluer à distance ? Comment va-t-on négocier en ligne avec les partenaires sociaux... La redéfinition de nos modèles constitue des chantiers conséquents pour l'avenir.