Vous êtes ici

Les effets de la canicule à Grenoble : radiographie

 Les effets de la canicule à Grenoble : radiographie (c) tureau
Publié le
18 Juin 2021

En septembre 2020, une équipe d’enseignants-chercheurs de Grenoble Ecole de Management a conduit une étude inédite dans la Métropole grenobloise. Son ambition ? Sonder les ressentis et les pratiques des résidents face aux vagues de chaleur ayant marqué le bassin d’agglomération les étés précédents.

Entretien avec Corinne Faure, enseignante-chercheure à GEM, co-auteur de cette étude avec Frédéric Bally, Thibault Daudigeos, Julien Lafaille, Joachim Schleich et Vincent Vindevoghel, l'équipe d'enseignants-chercheurs de GEM, instigatrice du projet.

Dans quel contexte s'inscrit votre étude, et quelle est sa finalité de recherche ?

En France, Grenoble est connue pour l'effet « d'îlot de chaleur » qui est lié à la topographie des lieux. Sur le territoire grenoblois, la chaleur tend à s'accentuer l'été, particulièrement ces dernières années. La chaire Territoires en Transition de Grenoble Ecole de Management travaille sur les effets du changement climatique. Et, l'une des particularités de la chaire est sa coopération avec le Cluster Montagne, qui s'intéresse notamment à favoriser l'accès aux différents espaces de montagne.

Notre objectif conjoint est descriptif. Il consiste à rendre compte des problèmes impactant les Grenoblois en période de fortes chaleurs et à dresser les priorités, en particulier auprès des pouvoirs publics.

Comment s'est articulé votre travail d'enquête ?

Deux groupes de chercheurs ont participé à cette étude : un groupe intéressé par les problématiques de la montagne et une équipe spécialisée dans l'efficacité énergétique ; tous les deux en coopération avec la chaire Territoires en Transition. Notre travail a consisté à étudier les changements de comportements des habitants du territoire grenoblois (panel représentatif de 888 participants) face aux vagues de chaleur récurrentes : boire plus, prendre l'air dans des espaces verts, etc. Et d'analyser aussi quelles sont les solutions utilisées, des moins pérennes aux plus pérennes : installer une climatisation ou un ventilateur plutôt que de faire isoler son logement ? Pour l'heure, le ventilateur remporte les suffrages.

Pour ce qui concerne le volet montagne, l'idée a consisté à sonder comment les Grenoblois envisagent différentes hypothèses de résidence hors de l'agglomération, et quelles utilisations pourraient être faites des espaces de montagne aux alentours. Des solutions de télétravail, par exemple, ont été envisagées à travers des espaces de coworking en montagne.

Quels sont les principaux résultats obtenus ?

L'étude a relevé que trois quarts des habitants de la Métropole se sont rendus en montagne au moins une fois, l'été dernier, dont plus de la moitié à la journée. Et, l'immense majorité préfère avant tout un endroit sauvage, isolé ou un petit village, aux petites et grandes stations de ski. Les besoins exprimés en lien avec les espaces de coworking à la montagne sont statistiquement minoritaires. C'est d'ailleurs un point que nous comptons explorer.

les logements de la Métropole sont mal adaptés aux chaleurs caniculaires

Pour ce qui concerne les politiques publiques, les attentes des Grenoblois portent essentiellement sur le développement de la végétalisation des espaces bitumés, notamment près des écoles.

Autres constats : les logements de la Métropole sont mal adaptés aux chaleurs caniculaires, surtout à Grenoble intra-muros, et pour les deux tiers des foyers en situation de précarité.

Quelles sont donc vos constats préliminaires ?

Cette étude pose de premiers jalons face aux arbitrages à faire pour la gestion des vagues de chaleur, et dresse des constats : les habitants du territoire grenoblois sont réalistes. Neuf habitants sur dix estiment que les chaleurs vont s'accentuer. Et ces chaleurs sont fortes : les étés précédents, les températures se situaient au-delà de 35 C pendant une dizaine de jours. A horizon 2050, les prédictions climatiques tablent sur près d'une cinquantaine, voire même une centaine de jours de fortes chaleurs par an dans le bassin grenoblois…

Notre étude a permis de confirmer la forte dichotomie qui existe entre les résidents de la Métropole en situation précaire et les autres. Pour certains logements, il existe une impossibilité d'ouvrir les fenêtres la nuit… De même, ces résidents ne peuvent pas quitter la ville pour s'échapper. Ainsi, l'hyper-centre grenoblois et les zones péri-urbaines et rurales ne vivent pas la canicule de la même façon. A noter que 39 % des personnes sondées envisagent de changer de logement pour faire face aux prochaines périodes de chaleur.

Cette étude a permis d'analyser et de chiffrer les tensions liées aux vagues de chaleur, ce qui permettra de mieux cibler la seconde étude, qui est prévue à l'été 2021.

Pour retrouver l’intégralité de l’étude

Cela pourrait vous intéresser