
Quelles peuvent-être les conditions pour que les services numériques soient mis au service de la transition écologique ? Le recyclage, l'économie circulaire, la dématérialisation sont-ils des solutions ? Le point sur les bonnes pratiques IT et la pratique de la sobriété numérique.
« On appréhende mal l'impact délétère des technologies du numérique sur la planète, qui recouvre notamment l'extraction de terres et de matériaux rares, le travail des enfants et les émissions de gaz à effet de serre. Ce que l'on sait, c'est que leur usage représente 3 à 4 % des émissions de CO2, et devrait représenter 5 à 6 % d'ici 2025 », relève Fanny Rabouille, co-titulaire de la Chaire Digital Organization & Society, à Grenoble Ecole de Management, et directrice du programme Big Data de GEM. C'est pourquoi, la première recommandation, en matière de technologies numériques, est d'agir chacun à sa mesure, via l'apprentissage de gestes simples, parfaitement identifiés et très efficaces, pour tendre vers le Green IT.
Pratiquer la sobriété numérique
« L'usage, devenu incontournable, des technologies du numérique génère la production de milliards de données en continu, qui sont stockées en masse dans des data centers, très énergivores. La première recommandation, à la portée de tous, est de vider régulièrement sa boîte mail, car les emails sont stockés et dupliqués sur de multiples serveurs », alerte Fanny Rabouille. De même, il est important d'éviter la démultiplication des envois de SMS et de messages via WhatsApp, Messenger, etc. Dans un autre registre, la « surconsommation » de newsletter (auxquelles l'on ne s'est jamais abonné !), génère le stockage inutile de données. La recommandation ? Se désabonner !
Opter pour un moteur de recherche éco-responsable
Certains moteurs de recherche comme, Ecosia, développé par une start-up berlinoise propose de reverser 80 % de ses bénéfices en faveur d'un programme de reforestation partout dans le monde, et plante un arbre à chaque adhésion. De son côté, Google s'est engagé à ne plus émettre de CO2 d'ici 2030.
Réduire l'impact de la fabrication de matériel numérique
« Le plus lourd impact du numérique sur l'environnement reste la fabrication de PC, tablettes, smartphones…, souligne Fanny Rabouille. Afin de favoriser un usage plus raisonné de ces outils, la première recommandation est de ne pas les changer tous les ans ! Vigilance également du côté des fournisseurs de logiciels, qui, comme les fabricants, surfent sur l'obsolescence programmée. »
En réponse, les « Fairphone », issus du commerce équitable, durable et responsable, dans leur cycle de conception et de fabrication, déclinent des modèles réparables plus facilement, et recyclables. Le matériel informatique reconditionné offre également une réponse plus juste en termes de développement durable. « GEM, à son niveau, travaille avec AFB Group, une entreprise locale de reconditionnement de PC », précise Fanny Rabouille
Au-delà, l'idée est bien d'éviter le gaspillage de matériels. A ce titre, Orange conduit régulièrement de vastes campagnes publicitaires visant la récupération de smartphones.
Tendre vers des pratiques vertueuses, dès la conception
« Certes, la technologie qui sous-tend l'Internet consomme de l'énergie – beaucoup d'énergie. Toutefois, l'enjeu porte d'abord sur l'usage et la production des équipements – deux leviers sur lesquels il est possible d'agir, insiste Fanny Rabouille. A l'heure actuelle, de jeunes « Talents du numérique », et quelques associations novatrices, comme Latitudes, se fixent pour mission de sensibiliser les ingénieurs du numérique (programmeurs, développeurs, data scientists…), à écrire des programmes moins énergivores », conclut Fanny Rabouille.
Le numérique au service de la transition écologique ?
Quelles peuvent-être les conditions pour que les services numériques soient mis au service de la transition écologique ? Le recyclage, l'économie circulaire, la dématérialisation sont-ils des solutions ?
Le 10 décembre prochain, à 18h30, la Chaire Digital Organization & Society de Grenoble Ecole de Management, organise une visioconférence via Teams Event dans le cadre des Jeudis CDOS, les rendez-vous du numérique, sur la thématique :
le numérique au service de la transition écologique. Françoise Berthoud partagera son regard sur les enjeux de services numériques plus "responsables".
Françoise Berthoud est ingénieure de recherche en informatique au CNRS. Co-fondatrice du groupement EcoInfo du CNRS, elle questionne depuis plusieurs années les impacts environnementaux du numérique. Experte incontestée du domaine, elle intervient auprès d'étudiants, chercheurs, ministères et autres entités, impliquées dans cette thématique.