
Ces dernières années, la région grenobloise a connu des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes. Une étude inédite menée par des chercheurs de Grenoble Ecole de Management s’est intéressée au ressenti des habitants de la Métropole et à leurs pratiques en période de forte chaleur.
Réalisée en septembre 2020, dans le cadre du Panel de recherche du territoire grenoblois et de la Chaire Territoires en Transition de GEM, auprès de 888 habitants de la métropole grenobloise, cette étude avait pour objectifs de comprendre les comportements en période de forte chaleur et de dresser des priorités, en particulier auprès des pouvoirs publics.
Parmi les enseignements à retenir :
Des logements mal adaptés, particulièrement pour les plus précaires
- 2/3 des sondés en situation précaire indiquent que leur logement devient insupportablement chaud, immédiatement ou après quelques jours (particulièrement dans Grenoble Intra-muros),
- 46% des sondés estiment que leur chambre à coucher était en moyenne entre 25 et 30°C l'été, avec 9 % dont la chambre était en moyenne à plus de 30 °C
« Notre étude a permis de confirmer la forte dichotomie qui existe entre les résidents de la Métropole en situation précaire et les autres. Pour certains logements, il existe une impossibilité d'ouvrir les fenêtres la nuit… De même, ces résidents ne peuvent pas quitter la ville pour s'échapper. » explique Corinne Faure, coordinatrice du Panel de recherche et enseignante-chercheuse à Grenoble Ecole de Management.
Le ventilateur plébiscité à la climatisation
- La grande majorité des habitants (80%) déclare modifier ses habitudes en période de forte chaleur : repas plus légers, report des activités fatigantes, aération des logements, douches froides, augmentation des pauses dans le cadre de leur travail…
- 16 % des foyers sondés ont la climatisation (et seulement 4% l'utilisent toujours) tandis que 75% utilisent régulièrement un ventilateur,
- en période de fortes chaleurs 58 % vont dans des bâtiments publics frais, tels que les centres commerciaux ou bibliothèques.
En 2020, cette stratégie a été affectée par la crise sanitaire : 43% des habitants ont réduit leur fréquentation des lieux publics à cause de la Covid .
Déménager plutôt qu'isoler
- 39 % des métropolitains indiquent qu'ils seraient prêts à déménager pour un logement mieux isolé ou en altitude si les épisodes de chaleur devaient se multiplier. Seuls 7 % disent qu'ils investiraient dans la rénovation thermique.
Végétalisation et mesures spécifiques en cas de canicule
- 87 % des répondants soutiennent le remplacement de zones bitumées ou bétonnées par de la végétation, et 90% considèrent que planter des arbres est une priorité,
- Parmi les mesures spécifiques attendues en cas de canicule : l'accès des personnes vulnérables prioritaires aux piscines municipales, l'allongement des horaires de piscine, l'installation de points d'eau potable gratuits ou un dispositif de soutien et de veille auprès des personnes fragiles…
La montagne pour fuir les vagues de chaleur ?
- Plus de 74% des sondés sont partis au moins une fois à la montagne, l'été 2020, pour chercher la fraîcheur, dont 59 % l'ont fait à la journée et 38% lors de weekends,
- Ces habitants ont bien entendu leur massif de prédilection : 49% des habitants de la métropole placent le Vercors comme leur massif préféré, 24% choisissent Belledonne, 20% la Chartreuse.
« Cette étude pose les premiers jalons face aux arbitrages à faire pour la gestion des vagues de chaleur, et dresse des constats sur les sujets à traiter notamment pour les pouvoirs publics.
Nous allons relancer une 2e étude fin juillet début août 2021 pour affiner ces premiers résultats obtenus l'an dernier. » conclut Corinne Faure.
Découvrir l'intégralité de l'étude ou s'inscrire au panel pour participer aux premières études